La vigilance du juge. Montesquieu au-delà de lui-même

2017
Rommel Guy

Le Juste, auquel tend le juge, n’est ni un principe ni une théorie voire une idéo­logie. Il est le produit incertain et fragile de trois strates conditionnant succes­sivement la diction du droit et formant les âges de sa vie spirituelle.

L’art de juger exposait la première strate : la conjugaison intime des dix-sept verbes ou forces sommeillant dans l’âme du juge. Il importait d’amener à la conscience cette temporalisation et interaction verbale, afin de livrer à l’agence et, partant, à la responsabilité du juge les forces silencieusement productrices de son acte de juger.

La sagesse du juge exposait la deuxième strate. Ces dix-sept forces ont à se nouer en une tresse unique de conduites à propos, conditionnant l’émergence de l’art de juger. Il y va d’une éthique de l’effacement à laquelle le juge se sou­met austèrement au fil de ses expériences. Une réserve se radicalisant précède et jalonne l’avènement de l’acte de juger ajusté.

La vigilance du juge expose la troisième strate. L’unité de la double agentivité du juge relative aux forces intérieures (l’art de juger) et aux conduites extérieures (la sagesse du juge) émerge de sa vigilance. Elle est la première vertu, antéri­eure aux vertus de l’indépendance et de l’impartialité. Biface, la vigilance ap­paraît comme une passivité perméable aux passions, aux arguments, aux évé­nements. Cette passivité est cependant traversée intimement par la présence du juge à lui-même. Le juge accueille avec indulgence et veille avec rigueur, simultanément. Cette présence à soi assure l’écartement, dès le moindre signe intérieur, de toute forme de corruption morale, logique et sémiologique et de toute emprise de passions sur le juge. Ses passions en équilibre traverseront et tonaliseront alors au titre d’ad-verbes les dix-sept verbes mobilisés par les arguments et les événements. Cette unité du juge fondera ultimement son es­time de soi, la vertu cartésienne par excellence.

L’humanisation de soi, d’autrui et du monde par le juge suit ce long chemin so­litaire et non balisé qui s’impose par le dévoilement progressif des contraintes propres à l’acte de juger. Chemin faisant, le juge accomplit les trois âges de la vertu de justice : la conjugalité (l’art de juger), la retenue (la sagesse du juge), la passivité éveillée (la vigilance du juge).

 

50

Disponible
Auteurs
Auteurs : Rommel Guy
Domaine : Droit
Code de commande : 206171100
Année : 2017
Type : Livre
ISBN : 9782874034367

Introduction : la voie du juge

Une histoire sans histoires

Le juge comme véridicteur

De l’interprétation des lois au devenir du juge

Les dogmes, le questionnement, la méthode

La conscience scripturale du juge

L’auto-critique

Trois pôles judiciaires signifiants

Méta-savoir-faire

La vigilance

Le juge comme méditation

Le juge comme bouche de la loi

L’auto-transformation du juge

La triple éthique primaire

La validation

L’unité feuilletée du juge

L’éthicité de la décision

La variabilité sociétale du juge entendu comme « bouche de la loi »

La contradiction institutionnelle

La contradiction constructive

Le juge comme répondant

Le juge comme processus

Le juge comme savoir-faire

Les présupposés du juge

La vérité du juge

Qu’appelle-t-on « appliquer » ?

Le juge comme forme de pensée et d’action

Le juge comme justice participative

Le juge de paix est-il un juge « comme les autres juges » ?

La dynamique de l’avènement du juge

Le langage de rupture

Différance comme renaissance

Un champ processuel spécifique

Le juge de paix comme institution vivante

L’interprétation

Les vertus du juge

a. Le désir
b. Les trois conditions de possibilité pour juger
c. Les vertus morales
d. Les vertus épistémiques
e. L’intégration éthique des vertus
f. Le juste

La vertu principale du juge

 Un jugement apte et pleinement apte

a. Être apte
b. Être pleinement apte

L’(auto)performance du juge

Le Juste, auquel tend le juge, n’est ni un principe ni une théorie voire une idéo­logie. Il est le produit incertain et fragile de trois strates conditionnant succes­sivement la diction du droit et formant les âges de sa vie spirituelle.

L’art de juger exposait la première strate : la conjugaison intime des dix-sept verbes ou forces sommeillant dans l’âme du juge. Il importait d’amener à la conscience cette temporalisation et interaction verbale, afin de livrer à l’agence et, partant, à la responsabilité du juge les forces silencieusement productrices de son acte de juger.

La sagesse du juge exposait la deuxième strate. Ces dix-sept forces ont à se nouer en une tresse unique de conduites à propos, conditionnant l’émergence de l’art de juger. Il y va d’une éthique de l’effacement à laquelle le juge se sou­met austèrement au fil de ses expériences. Une réserve se radicalisant précède et jalonne l’avènement de l’acte de juger ajusté.

La vigilance du juge expose la troisième strate. L’unité de la double agentivité du juge relative aux forces intérieures (l’art de juger) et aux conduites extérieures (la sagesse du juge) émerge de sa vigilance. Elle est la première vertu, antéri­eure aux vertus de l’indépendance et de l’impartialité. Biface, la vigilance ap­paraît comme une passivité perméable aux passions, aux arguments, aux évé­nements. Cette passivité est cependant traversée intimement par la présence du juge à lui-même. Le juge accueille avec indulgence et veille avec rigueur, simultanément. Cette présence à soi assure l’écartement, dès le moindre signe intérieur, de toute forme de corruption morale, logique et sémiologique et de toute emprise de passions sur le juge. Ses passions en équilibre traverseront et tonaliseront alors au titre d’ad-verbes les dix-sept verbes mobilisés par les arguments et les événements. Cette unité du juge fondera ultimement son es­time de soi, la vertu cartésienne par excellence.

L’humanisation de soi, d’autrui et du monde par le juge suit ce long chemin so­litaire et non balisé qui s’impose par le dévoilement progressif des contraintes propres à l’acte de juger. Chemin faisant, le juge accomplit les trois âges de la vertu de justice : la conjugalité (l’art de juger), la retenue (la sagesse du juge), la passivité éveillée (la vigilance du juge).

 

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